Relaxé en première instance pour refus de prélèvement ADN, Xavier Mathieu se défendra mercredi devant la cour d'appel d'Amiens face à un état qui s'acharne contre les luttes sociales.
«Ce n'est pas seulement mon combat ou celui des Conti, mais celui du droit à revendiquer et à résister », a estimé Xavier Mathieu, deux jours avant son procès devant la cour d'appel d'Amiens. Alors que le gouvernement n'hésite plus à sortir le bras armé de la loi et de la police pour réprimer les luttes des salariés, l'état prouve une nouvelle fois sa détermination en ordonnant au parquet de continuer les poursuites contre Xavier Mathieu. Le syndicaliste CGT et porte-parole des ouvriers de Continental dans la lutte contre la fermeture de l'usine de Clairoix avait pourtant été relaxé en première instance alors qu'il était poursuivi pour avoir refusé un prélèvement ADN en juillet 2010. Une décision historique, alors qu'en 2003, Nicolas Sarkozy avait fait étendre la possibilité de fichage génétique à tous types d'infraction, considérant le refus de se soumettre au prélèvement ADN comme un délit en lui-même. La relaxe de Xavier Mathieu prononcée par le tribunal de grande instance de Compiègne, en juin dernier, était apparue comme un désaveu cinglant de la tentative du gouvernement de criminaliser les luttes des salariés.
« Ces faits (les dégradations effectuées à la sous-préfecture de Compiègne en avril 2009 par plusieurs centaines de salariés de Continental NDLR) ont été commis ( ) dans le cadre d'une manifestation organisée, et s'inscrivent dans une logique parfaitement lisible de combat syndical, et non dans une démarche à vocation purement délinquante et antisociale », pouvait-on lire dans le jugement de première instance. Insistant sur le phénomène global du fichage de militants syndicaux et de salariés en lutte, Xavier Mathieu a interpellé les responsables politiques de gauche sur les mesures qu'ils prendraient sur la question des prélèvements ADN. Des représentants du PCF, du PG, d'Europe écologie-les Verts, du NPA et de LO ont exprimé leur soutien au syndicaliste poursuivi. « Nous avons déposé un projet de loi pour abroger le fichage génétique, et il faut aussi vider les fichiers existants et mettre en place une commission d'éthique », a déclaré éric Corbeaux, secrétaire national aux entreprises et aux luttes sociales du PCF, venu représenter Marie-George Buffet.
Loan Nguyen
source : L'Humanité