Dépassant ses désaccords, toute la gauche, du PS au Front de gauche et au NPA, en passant par les Verts, se retrouve aux côtés des syndicats et des associations mobilisés dans la campagne autour de l'appel lancé par Attac et Copernic.
C'était tout sauf évident. Et pourtant, ils y sont parvenus. Les efforts d'Attac et de la Fondation Copernic, à qui revient l'initiative d'une pétition ayant réuni à ce jour 50 000 signataires, n'ont pas pesé pour rien. Pour la première fois depuis le lancement du chantier de la réforme des retraites par le gouvernement, la quasi-totalité de la gauche politique et sociale a fait estrade commune, jeudi dernier, à la Bellevilloise, salle parisienne du 20e arrondissement. L'événement de la soirée étant sans conteste la présence, côte à côte, des représentants de toute la gauche : PS, PCF, Parti de gauche et Gauche unitaire (les trois formations unies dans le Front de gauche), les Verts, le NPA et la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase). Seule Lutte ouvrière manquait à l'appel. Certes, les esprits chagrins pourront regretter l'absence, aux côtés des principaux responsables des Verts, du PCF, du Parti de gauche et du NPA, de Martine Aubry, la première secrétaire du PS, celle-ci ayant délégué le soin de représenter son parti à Razzy Hammadi, responsable national et figure de son aile gauche.
un pacte unitaire scellé
Il n'empêche : c'est bien un pacte unitaire que les mouvements politiques, les syndicats présents (FSU, Solidaires, CGT Finances, Confédération paysanne, Unef) et les associations (Attac, Copernic, collectif martiniquais du 5 mars) ont scellé ce soir-là, pour faire reculer la droite. Le mot d'ordre commun, résumé par l'inspecteur du travail, Gérard Filoche : maintien de la retraite à soixante ans, pour tous, à taux plein.
Bien sûr, cela ne dessine pas encore les contours d'une alternative commune, notamment sur le financement. Ni n'efface les atermoiements et les divisions qui minent le PS, partagé entre dénonciation de la réforme régressive de la droite, et acceptation du discours sur la nécessité de travailler plus longtemps, relayé par certains de ses ténors, dont Martine Aubry, cet hiver. Mais le front commun dérange les partisans d'une opposition modérée sur ce dossier. Quelques jours auparavant, l'ancien premier secrétaire du PS, François Hollande, avait ainsi pressé sa successeur de ne pas se rendre à la réunion, faute d'accord « sur un constat mais aussi sur des solutions ». De son côté, le maire PS de Quimper, Bernard Poignant, a dénoncé une « forme de schizophrénie » entre le soutien d'une partie de la direction à Dominique Strauss-Kahn et la participation au meeting de la Bellevilloise. Preuve qu'il existe de fortes contradictions à gauche, mais aussi un potentiel élan unitaire qui pourrait sortir victorieux de la confrontation.
Sébastien Crépel
source l'humanité
lien vers la pétition : http://petition.exigences-citoyenne...